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Paul Personne : « J’avais emmagasiné soixante-dix chansons »

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Paul Personne est l’un des meilleurs chanteurs de sa génération. Le blues colle à ses cordes de guitare comme la pulpe de mandarine sur les doigts de Jimmy Reed. Le blues, certes, mais pas que. Il n’a pas son pareil pour raconter une histoire en trois ou quatre minutes, sur fond de boogie ou de rock. Il a donné un concert le samedi 21 mars, au Ziquodrome, à Compiègne. Il a répondu à nos questions.

Courrier picard : Parlez-nous de votre dernier album Puzzle 14. Où a-t-il été enregistré ? Avec qui ? Dans quelle ambiance ?

Paul Personne : Il a été enregistré en 2013, à l’issue de la tournée de plus de deux années que j’avais mené à bien avec le groupe A l’Ouest ; au cours de celle-ci,  j’avais joué à l’Olympia ; nous avions fait des dates avec ZZ Top. Après cette tournée assez magique, j’avais l’impression de revenir à l’écurie. Et j’avais, pendant tout ce temps, emmagasiné soixante-dix chansons. Je voulais donc restituer ces presque trois années d’amitié sur scène. Ces chansons-là, je les voulais avec eux. Nous avons commencé à répéter dans leur grange, en Normandie, près d’Alençon, aménagée en salle de répétition. Je voulais mettre à plat quelque chose de bien. Puis, cette salle de répétition s’est transformée en studio. Je n’avais, en fait, aucune maquette de ces chansons ; j’avais juste quelques idées enregistrées sur un magnétophone à cassettes. Je leur proposais et on enregistrait. Résultat : cet album a été réalisé très rapidement avec très peu de prises ; et ça a marché en un clin d’œil. Ensuite, j’ai retravaillé les paroles ; j’ai remis un peu de claviers. On a avancé tranquilles. Les textes également, je les ai faits rapidement ; je ne voulais pas de trucs intellectuels. Juste des propos simples comme la musique.

Parlez-nous de la présente tournée.

C’est effectivement une vraie tournée de trois mois (de janvier à mars 2015). Une tournée très concentrée et je trouve ça vachement bien. Je vais faire de la promotion en Belgique et en Suisse mais l’essentiel des dates sont françaises. Elles se déroulent dans des salles de jauge très diverses : du club de 400 places aux salles de 1200 places. C’est très différent d’une tournée des Zéniths.

Le samedi 21 mars, vous avez donné un concert au Ziquodrome, à Compiègne. Avec quelle formation étiez-vous sur scène et quels morceaux avez-vous présentés ?

J’étais sur scène toujours avec le groupe A l’Ouest. Pourquoi changer une équipe qui gagne ? Avec eux, on se connaît si bien qu’on peut se permettre d’improviser. Nous étions donc dans la formation deux guitaristes, un bassiste et un batteur. J’ai interprété les chansons de Puzzle 14 et je suis allé piocher dans le grenier des souvenirs de mes anciens morceaux. Mais je ne le fais qu’avec les chansons qui m’émoustillent ; je ne me sens

Paul Personne. (Photo : Yann Buisson.)

Paul Personne. (Photo : Yann Buisson.)

pas obligé.

Aujourd’hui, en 2015, le blues, ça représente quoi pour vous ?

C’est effectivement une grosse influence pour moi. Mais je ne me suis jamais revendiqué comme bluesman. C’est vrai qu’au début, j’ai eu des expériences musicales très différentes : du boogie, du rock, etc.  (N.D.L.R : il cite Peter Green, Albert King, John Mayall, Crosby, Stills, Nash & Young, James Taylor, les Kinks, Stevie Wonder, etc.) Quand, je me suis rendu compte que certains me qualifiaient de bluesman exclusivement, je me suis dit qu’ils n’avaient compris qui j’étais réellement. En fait, mon album Puzzle 14 est peu blues. Il recèle des mélodies et des chansons. J’aime parler avec la guitare quand la voix arrête de dire des mots. En revanche, je n’aime pas les trucs démonstratifs à la guitare ; jouer vite, ce n’est pas mon truc.

Les paroles de vos chansons, les écrivez-vous systématiquement, ou demandez-vous de temps à autre la collaboration de paroliers extérieurs ?

Pour les derniers disques, je me suis débrouillé seul avec la page blanche. Je ne me suis jamais considéré comme un auteur. Mais dès que j’ai commencé à écrire en français, j’ai trouvé que ça cadrait bien avec mon histoire. Cela ne m’a pas empêché de demander des textes à Jacno, Bergman, Jean-Louis Aubert, Richard Bohringer, Christian Dupont, etc.

La guitare est l’une de vos passions. Sur quelle guitare préférez-vous jouer ? Gibson Lespaul ? Fender Stratocaster ?

Aujourd’hui, on m’appelle souvent l’homme à la Gibson ; avant, j’étais l’homme à la Stratocaster. Ma première guitare était une SG Junior blanche ; puis, je suis venu à la Strato. Mais dès que j’ai pu, je suis revenu à la Gibson. Les guitares ont été de supers copines dans ma vie…

Et sur quels amplificateurs ?

Actuellement, je joue avec une tête Orange et un baffle Vox, mais j’ai joué sur des Marshall, des Fender (Deluxe et Bassman). Et j’ai un fon très anglais.

Depuis La Folle Entreprise, votre carrière professionnelle est longue. Quel est votre meilleur souvenir ? Et le plus mauvais ?

Mettre le matos dans une vieille 403, dormir sur les plages, rencontrer des beatniks, tout ça dans les années soixante… voilà un bon souvenir. Mon premier passage à l’Olympia est également un bon souvenir. Et mon concert avec Johnny Hallyday et Eddy Mitchell, en voici un autre. Un mauvais souvenir ? Quand j’étais môme, je jouais dans un groupe à Carnon-Plage ; nous jouait dans un club. Et j’ai planté les copains musiciens du groupe. On dormait dans une camionnette. J’en avais marre ; ça m’a fait flipper. On faisait trois sets d’une heure ; au troisième set, je me retrouvais aphone. Cela a engendré chez moi des problèmes psychologiques. Je me suis cassé ; je suis remonté à Paris. Je me suis coupé les cheveux ; je disais que je voulais trouver un boulot normal. J’ai donc fait les trois-huit, et j’ai poussé des chariots de pain grillé. Le temps a passé ; j’avais un peu honte. Mes copains sont revenus. Et je suis reparti avec eux. Autre mauvais souvenir : lorsque je me suis cassé deux doigts de la main droite ; je ne pouvais plus jouer de guitare. Je suis allé à l’hôpital des mains. J’ai dû faire de la rééducation…

Vivez-vous toujours dans le Perche ?

Oui, toujours dans ma fermette du Perche. C’est une vie de solitude que je domestique. Avant j’étais dans la région de Toulouse ; j’ai aimé ces années toulousaines. A cette époque, il se passait quelque chose dans le rock en France. Tu en chiais mais il y avait de l’énergie. J’aime d’autres coins de France : le Périgord, le Quercy. J’aime les endroits sauvages.

« J’me taille » est une très belle chanson. De qui sont les paroles ?

J’ai longtemps gardé cette chanson dans mes tiroirs ; j’ai un problème dès que je sens un hit potentiel dans une chanson ; c’était son cas. J’ai peur de tomber dans le commercial. Et puis, je me suis débloqué avec ce morceau ; j’ai donc appelé un pote, Cyril Malinovski, dit Nérac, un journaliste qui est aussi parolier ; une plume ! Il a adoré le côté Springsteen, Dylan. Il a fait une première mouture de texte ; je lui ai demandé de la retravailler. Ce qu’il a fait. Et ça marché…

                                                    Propos recueillis par

                                                    PHILIPPE LACOCHE


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